• Interview: Face au conflit

    Interview: Face au conflit

    Bonjour et bienvenue sur face au conflit, j’ai l’honneur je vous présentez, l’interview exclusive d’un ancien membre du GIGN et instructeur sport de combat, qui nous fait part de son expérience de la gestion de conflits et de la protection personnelle, je ne vous en dit pas plus je vous laisse découvrir son témoignage…

    [sws_toggle3 title= »Bonjour Éric pourrais-tu te présenter stp »]Bonjour Eric Salem, je suis un ancien gendarme de l’unité spéciale de l’EPIGN (Escadron Parachutiste et d’Intervention de la Gendarmerie Nationale), qui aujourd’hui à été regroupé au GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale). J’ai quitté l’institution depuis maintenant 5 à 6 ans. Avant de partir, j’ai occupé le poste de formateur en sport de combat, tir et protection rapprochée au profit d’unité spéciale d’intervention étrangère ensuite pour les OPEX (OPération EXtérieur), avec des personnes qui partent à l’étranger faire de la protection. J’ai plus spécialement été formé au sport de combat, comme le Pencak Silat, ensuite au Krav-Maga (Méthode attaque défensive Israélienne) qui est arrivé en France dans les années 1970 et qui est maintenant utilisé par le GIGN, le RAID (Recherche Assistance Intervention Dissuasion), le GIPN (Groupe d’Intervention de la Police Nationale)…ce n’est pas la seule méthode, mais l’activité principale, car son utilisation est assez simple en formation. Quand je suis parti, j’ai ouvert ma structure, en tant que chef d’entreprise où à l’heure actuelle je donne des cours particuliers et collectifs en Krav-Maga. J’ai fait 22 ans dans la Gendarmerie, dont 14 ans à l’EPIGN et 4 ans en formation. Aujourd’hui je suis toujours réserviste au GIGN et j’interviens à peu près dans les mêmes circonstances qu’avant, notamment pour le Krav-Maga, mais plus adapté à la protection rapprochée, pour des personnes qui doivent gérer une agression physique et/ou verbale. [/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Quelle a été ta première approche des sports de combat? »]A l’EPIGN, à l’époque il fallait un certain niveau, donc ma première approche c’était la boxe américaine, le judo, l’aïkido. Mais ce sont des méthodes trop protocolaires et pas forcément adaptés à une prise d’otage avec armes à feu, armes blanches. Après, dans tous les Arts-Martiaux s’est ouvert un département self-défense. Malgré tout, les arts martiaux respectent une éthique, une tenue, un maître, un dojo, on à besoin d’avoir des protections…Nous (le Krav-Maga), non, on est en tenue de tous les jours, en costume pour la protection rapprochée. C’est ce qui m’a plût dans cette méthode.
    Le Pencak Silat, rassemble ces éléments mais je pense que le Krav-Maga est plus épuré. Attention je ne dénigre pas du tout le Pencak Silat, j’en ai fait pas mal avec Charles Joussot, qui venait aussi chez nous donner des cours. Bonne approche, mais parfois trop compliqué, pas assez rationnel pour nous (EPIGN). Pour notre travail, gérer une autorité, un camarade blessé, un ou plusieurs agresseurs, ça nous correspondait un peu moins que le Krav-Maga. Mais mes bases c’est la boxe américaine, le Karaté etc. [/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Tu as toujours pensé à travailler dans les métiers des armes ? De la Gendarmerie Nationale ? »]C’est tout bête, ça remonte à quelques années, à l’époque de « La séquence du spectateur », c’était tous les dimanches midi, elle donnée des extrait de films et j’ai vu Jean Paul Belmondo descendre d’un hélico Gendarmerie en rappel et entrer dans une maison (Peur dans la ville) et je me suis dit : « C’est absolument ça que je veux faire ! ». [/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Est-ce que tu penses qu’aujourd’hui, avoir une expérience d’opérationnel est un avantage pour la gestion des conflits, la gestion de crise ? »]Je dirais Oui et Non. Oui, car ça donne une perspective sur la gestion de crise. Qu’est ce qu’une gestion de crise ? Est-ce que c’est le vendredi soir, tout le monde est fatigués, on vient taper légèrement dans la voiture de celui qui nous précède, la semaine a été compliqué…Est-ce que ça vaut le coup de rentrer dans un système de combat pour ça ? C’est une manière d’appréhender les choses à leurs niveaux, ne pas se laisser déborder par son tempérament ni celui de son interlocuteur et/ou de son agresseur. Non, car j’ai été spécialisé pour allez à l’étranger, j’ai beaucoup fait l’Afrique, l’Amérique latine, l’Inde, l’Asie…et dans ces pays la conception de la crise est différente qu’en France et en Europe en générale. Donc je dirais oui pour avoir du recul sur une situation. Après plus on avance dans l’âge, plus on prend de l’expérience et mieux on gère les situations. [/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Qu’est ce que t’ont apportés tes expériences ? »]L’expérience de l’étranger et du ministère des affaires étrangères m’ont apportés beaucoup, puisque l’on devait protéger des ambassadeurs, c’était un milieu très aseptisé où il faut savoir « prendre des pincettes » ! Cependant, on peut facilement l’appliqué au commun des mortels, à chacun son niveau. Tout le monde est capable d’avoir un esprit décisionnel et spirituel.
    Moi par rapport à ça j’ai fait un peu de PNL (Programmation Neuro- Linguistique), ce qui nous à donné des outils avec lesquels je travaille aussi dans le Krav-Maga. Cela nous aide à identifier la personnalité de l’individu et ça c’est très important!
    Le Krav-Maga ce n’est pas seulement une méthode physique mais aussi une méthode psychologique, pas spirituelle, car on étudie l’individu de part sa façon de se vêtir, on va étudier un peu sa morphologie et ça nous permettra de dire si ça peut déborder, s’il est seul… Et le fait d’avoir travaillé en équipe à l’étranger en protection rapprochée, on a aussi ce que l’on appelle un regard tridimensionnel, où un interlocuteur que l’on a en face de nous n’est pas forcément seul, il pourrait avoir un complice… Chaque crise, chaque moment à son caractère, c’est ce que m’ont appris l’étranger et mon tracé professionnel. [/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Peux- tu expliquer ce qu’est la PNL ? »]C’est la Programmation Neuro- Linguistique et 5 pôles d’excellences ont été admis, c’est ce qu’on appelle le système V.A.K.O.G. (Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif). En règle générale dans la vie le Gustatif et le Olfactif on ne les utilisent pas trop, donc on a retenu les 3 premiers.
    Lors d’une altercation, l’agression verbale va peut être venir avant l’agression physique, mais pas forcément, c’est ce que j’expliquais tout à l’heure, c’est quelqu’un qu’on bouscule dans la rue, on se fait bousculer mais on n’est pas interpeller d’une manière verbale dans un premier temps. Donc on va employer des termes de notre agresseur, ou futur agresseur, ou pas agresseur, mais la personne avec qui on va inter- agir. On va essayer de déterminer les termes utilisés dans son langage, si c’est quelqu’un de visuel :

    « T’as pas vu où tu marche ? Tu pourrais regarder où tu mets les pieds… », Dans ce cas on a faire à quelqu’un de visuel.
    « T’entends ce que je te dis ? Je te parle ! », Ici quelqu’un de plus auditif.

    On va essayer de mettre en place ce que l’on appel un méta-modèle, une sorte de miroir, avec lequel on va rentrer en communication. Si l’individu est plus auditif et que je commence à utiliser un terme visuel, les 2 vont passer l’une à côté de l’autre sans jamais se rencontrer. On n’arrivera pas à établir une communication, personne ne se comprend et ça peut déborder sur une partie physique. Nous on se rend compte de ça et on va utiliser ses propres termes, rentrer en communication avec lui, tenter d’arrondir les angles et rendre les choses à l’évidence! Un bout de tôle froissée ça ne vaut pas le coup de rentrer dans un déchaînement de violence idiot. Dés qu’il y aura une altercation verbale, il y a un gros travail à faire sur soi, mais on peut arriver à lire dans les yeux, dans la façon de menacer, de saisir, si ce n’est qu’une menace, on arrivera toujours à établir une liaison verbale, une communication !

    Si c’est une attaque , là c’est beaucoup plus compliqué en terme de communication, car il y a l’acte qui est fait, il y a une dynamique dans l’acte tandis que pour la menace on laisse de la place à l’espoir d’établir une communication, par exemple sur une menace gorge on peut toujours communiquer! La PNL permet de créer ce lien de communication qui va nous aider à réduire l’agression verbale, c’est un outil très intéressant en terme de krav-Maga
    On pourrait presque assimiler une prise d’otage à une agression dans la rue, il s’agit de trouver la personnalité de l’individu à travers un téléphone, un regard, une parole… Voilà, grosso modo, les outils de la PNL. C’est loin d’être évident car à ça viennent s’ajouter les effets du stress, le stress mentale et physique. Cela nécessite un entraînement, une réflexion d’écoute, d’observation, mais c’est un très bon outil![/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Il est important de classifier les différentes étapes d’un conflit, de bien analyser avant d’agir, dans tes entraînements, tu utilises tous ces outils? C’est important le réalisme? »]Exactement, je dis toujours à mes élèves en début de saison ou mes élèves en cours particuliers que la communication est la première arme et ça devrait être la seule que l’on puisse utiliser! Le Krav-maga viendra en issue de secours, c’est l’ultime recours! Comme je dis, si on vient de retirer 50€ au distributeur et que l’on se retrouve avec une lame sous la gorge, si on n’arrive pas à négocier, on donne les 50€ c’est un acte réflexe. Maintenant, si la menace peut s’avérer plus dangereuse pour soi ou son entourage et qu’on n’arrive pas à gérer la situation par la communication, là on pourra utiliser les techniques assez simples et efficaces du Krav-Maga.
    La communication c’est un de mes outils mais c’est aussi un moyen de dire à mes élèves qu’avec le dialogue ça se passe comme ça, voilà comment intervenir sur tel type de menace, agression verbale et physique. Même en termes de protection rapprochée, je dis aux stagiaires qui sont formés pour allez à l’étranger que les personnes fonctionneront d’une manière différente. Si ce n’est pas par le verbe, ce sera par l’attitude (la communication non verbale), c’est très important, ça fait partie du mode opératoire du Krav-Maga, ce n’est pas seulement le coup de poing dans la gorge!

    Commentaires: C’est important de le préciser, car la plupart du temps on croit que le Krav-Maga, c’est uniquement des frappes!

    Ce n’est pas du tout ça. A l’origine le Krav-Maga était fait pour former de jeunes soldats israéliens techniquement et efficacement en 1 mois. Et un mois de formation c’est très court pour être efficace sur le terrain. Mais bon le Krav- Maga répond à ça, mais il n’y avait pas cette partie de communication. Moi je la prône, je ne néglige pas la partie physique, ni la partie communication on fait un mélange des deux. [/sws_toggle3]
    [sws_toggle3 title= »Justement, concernant la partie physique, comment organises-tu tes entrainements? »]Je mets une importance primordiale à la préparation physique et mentale au combat! Dans un premier temps, si on est formé d’une manière physique au combat de rue, on va pouvoir gérer plus facilement son stress et celui de son agresseur, on aura un recul physique plus important. Si on a échappé à une agression et que l’on court 200 mètres et que l’on n’est pas prêt, on à cet effet tunnel qui fait que le stress physique va l’emporter sur l’efficacité. On réduit de toute façon, sur une efficacité de 80% en sale, on perdra 30% à 40% sur le même type d’attaque avec le stress.

    Moi je réalise une préparation physique qui peut être difficile, ou qui peut être souple, qui est adapté à tout le monde et qui est obligatoire. La préparation physique au combat nécessite un entrainement particulier, pas de matériel, mais son propre corps. Il s’agit d’être proche du dépassement de ses limites et en être contient.

    Ensuite la préparation mentale est très importante car il est essentiel de dire aux personnes que même après 10 ans de pratique, qu’on ne sera pas forcément super efficace, car il y a beaucoup de paramètres qui doivent rentrer en compte, on aura une technique certes, car on se sera toujours entrainé en salle, au dojo, avec des protection, sur un tatamis…Et là on sort, il pleut, il y a du vent, du froid et de la fatigue, l’appréhension ne sera pas du tout la même. Je mets les gens en situation psychologique d’une agression, pour savoir ce qu’est un coup de poing, un coup de pied, une plaie, son sang, voire quelqu’un de blesser…il y a une approche dans l’imagerie, dans la préparation mentale, c’est quelque chose qui se fait naturellement, je ne mets pas les gens en danger je le fais proprement ! C’est important de montrer aux gens une définition de la violence autant physique que verbale.

    C’est dur à gérer et à réagir face une agression, mais lorsque l’on est préparé et que l’on à prit des coups de poings et des coups de pieds, mais que l’on n’à pas su réagir, c’est une autre forme de digestion. Il faut quand même pouvoir l’absorber quand on rentre chez soi, c’est dur et c’est important de préparer les gens à ça, à la défaite et à la victoire ![/sws_toggle3]

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